10.
Vision de mage

 

Le temps presse, et pas seulement à cause du Traqueur. Les visiteurs se succèdent chez nous. Certains viennent d’aussi loin que l’Europe ou l’Australie. Ils vont et viennent à toute heure du jour et de la nuit et se réunissent chez nous en petits groupes qui débattent, se disputent ou appellent la magye à eux. Je ne sais pas exactement ce qui se passe, mais, à l’évidence, notre découverte a déclenché de vives réactions. Sans parler des cercles magyques ! Pas un jour ne passe sans qu’on en forme au moins un. Ils concentrent une puissance formidable, incroyable. Le lendemain, je suis toujours épuisé.

 

Sgàth

 

 

* * *

 

 

Après les cours, j’ai voulu retrouver Cal pour lui parler de la conversation que j’avais surprise, mais il était déjà parti en laissant un mot dans mon casier : il devait rentrer car sa mère tenait à lui présenter des amis à elle. Du coup, j’ai dû garder mes questions pour moi. Même Mary K. m’a laissée tomber pour aller chez Jaycee.

Heureusement, Robbie m’a rejointe sur le parking. J’étais contente de le voir, je ne voulais pas rester seule à ruminer.

— Tu fois quoi, maintenant ? m’a-t-il demandé.

J’ai placé ma main en visière pour me protéger des pâles rayons du soleil. Est-ce que je devais lui parler de Bree et de Raven ? Finalement, c’était si compliqué que j’ai préféré m’abstenir.

— Je pensais aller faire un tour dans le bois, histoire de ramasser des pommes de pin et des feuilles pour les décorations de Thanksgiving.

Robbie a réfléchi un instant.

— Bonne idée, a-t-il finalement répondu. Tu permets que je t’accompagne ?

— Volontiers ! ai-je lancé en déverrouillant la portière côté passager.

— Vous fêtez Thanksgiving en famille ?

— Oui, ai-je répondu tout en sortant du parking. Avec mes grands-parents maternels, le frère de mon père et sa famille. Sans oublier tous ceux qui habitent dans les parages. Cette année, c’est nous qui recevons.

— Nous, on va chez mon oncle et ma tante, m’a expliqué Robbie sans enthousiasme. Ils passeront leur temps devant le match de foot, à beugler contre l’arbitre. La bouffe sera dégueu, mon père et mon oncle Stan finiront bourrés et chercheront à se taper dessus.

— Comme tous les ans, quoi, ai-je rétorqué pour essayer de dédramatiser.

Ce n’était pas la première fois que Robbie me décrivait ses réunions de famille. Chaque fois, ça me déprimait.

— C’est presque une tradition, chez vous, ai-je ajouté.

Il a éclaté de rire tandis que je m’engageais dans Miltown Pike Road.

— T’as sans doute raison, Morgan. La tradition, c’est important. Je l’ai appris grâce à la Wicca.

Quelques minutes plus tard, je me suis garée dans le parking près du bois, puis j’ai sorti un grand panier du coffre. Malgré le froid, le soleil s’entêtait à briller. Ses rayons faisaient scintiller les feuilles mortes ourlées de givre qui jonchaient le sol. Telles des statues colossales, les arbres dénudés tendaient leurs branches tordues vers un ciel pâle et dégagé. Cet endroit paisible m’a calmée peu à peu, et je me suis rendu compte que j’étais bien contente d’être là avec Robbie. Je le connaissais depuis tellement longtemps que je le considérais un peu comme un frère.

— Alors, a-t-on une chance de trouver des plantes magyques à cette époque de l’année ? m’a-t-il demandé tandis que nous marchions tranquillement.

— Il n’y a pas grand-chose qui pousse par ce froid. D’après mon bouquin, on peut toujours tomber sur quelques rescapées, mais c’est peu probable. Au printemps, je viendrai chercher des simples, que je replanterai dans mon propre jardin magyque.

— Morgan, tu ne trouves pas ça bizarre que tu sois si forte en sorcellerie ?

Au début, je n’ai pas su quoi répondre, et j’ai hésité à lui raconter la vérité. C’était encore trop tôt… Je savais que je lui dirais tout un jour, quand le moment serait venu.

— Si, c’est très bizarre, ai-je finalement acquiescé en gardant un ton léger. Enfin, c’est surtout génial ! Qui aurait pu croire un truc pareil ?

Nous avons échangé un sourire, puis j’ai trouvé au sol une jolie branche de sapin qui portait trois petites pommes de pin bien rondes. Je me suis également arrêtée pour ramasser quelques brindilles de chêne où tenaient encore des bouquets de feuilles. J’adore la forme des feuilles de chêne.

— Ça a vraiment tout changé, a murmuré Robbie en me tendant une branche qui correspondait à mes critères et a donc rejoint les autres dans mon panier. La magye, je veux dire. Elle a bouleversé ta vie. Et toi, tu as bouleversé la mienne, a-t-il ajouté en désignant son visage.

— C’est vrai, ai-je reconnu d’une petite voix.

Je me suis penchée vers une drôle de plante qui poussait sur un arbre : il s’agissait d’une espèce de lierre étrange pourvu d’une tige poilue et de petites feuilles rouges.

— Touche pas à ça, m’a conseillé Robbie, ça pique.

— Et je me prétends sorcière ! ai-je lancé en riant.

Il m’a souri, mais il y avait quelque chose de triste dans son expression. Il s’est mordu la lèvre.

— Qu’est-ce qu’il y a, Robbie ?

— Elle ne te manque pas, Bree ? m’a-t-il demandé de but en blanc.

Prise au dépourvu, je n’ai rien trouvé à répondre. Je comprenais pourquoi il pensait à elle à cet instant : on s’amusait dans le bois, comme on l’avait souvent fait autrefois, mais Bree n’était pas là.

— Je suis amoureux d’elle.

Sa révélation m’a laissée bouche bée. Même si je m’en doutais un peu, jamais je n’aurais cru qu’il me l’avouerait si franchement.

— Euh… ouais, j’avais remarqué que tu t’intéressais à elle, ai-je admis en bafouillant.

— Non, tu comprends pas, c’est plus que ça, a-t-il murmuré en se détournant pour jeter un gland dans les buissons. Je suis amoureux d’elle. Je l’aime comme un fou. Depuis toujours.

— Depuis toujours ? Alors là, tu m’épates !

— Je ne voulais pas que tu le saches, a-t-il expliqué en haussant les épaules. Ni personne d’autre, d’ailleurs. Et surtout pas Bree. Elle préférait toujours les beaux gosses un peu cons. Tu peux me croire, je les ai comptés, ses mecs. À l’époque, j’étais sûr que je n’avais aucune chance. Tu sais que, le jour où elle a perdu sa virginité, elle est venue me le raconter ? Elle était toute contente. C’était le meilleur truc qu’on ait inventé après le cappuccino, selon elle. Et avec ce loser d’Akers Rowley, en plus.

— M’en parle pas, ai-je soupiré. Akers était un abruti fini. Je suis désolée pour toi, Robbie.

— Bref, a-t-il repris en retrouvant le sourire. Et maintenant, comment tu me trouves ?

C’est vrai que, depuis ma potion miracle, non seulement son acné monstrueuse avait disparu, mais il n’avait même plus besoin de lunettes.

— T’es super beau, Robbie, un des plus beaux mecs du lycée.

Il a éclaté de rire, comme s’il était gêné. L’espace d’un instant, j’ai reconnu le Robbie d’avant, celui qui manquait de confiance en lui.

— Euh… merci, Morgan… Alors… tu crois que j’ai une chance avec elle ?

— J’en sais rien, en fait. Elle te considère plutôt comme son meilleur ami, non ? Vous vous connaissez depuis tellement longtemps qu’elle ne peut plus avoir le coup de foudre pour toi.

Robbie a hoché la tête. Sourcils froncés, il a commencé à shooter dans les feuilles.

Nous nous sommes enfoncés un peu plus dans le bois. La nuit allait tomber, il nous faudrait bientôt rebrousser chemin.

Je l’ai pris par le bras tout en murmurant :

— Il faut que je te dise quelque chose, à propos de Bree. Ce midi, je l’ai surprise en pleine conversation avec Raven. Elles parlaient de leur nouveau coven.

Je lui ai résumé toute l’histoire, pour qu’il reste sur ses gardes. En revanche, je n’ai pas mentionné la mèche de cheveux. J’avais l’intention de m’en occuper moi-même, avec l’aide de Cal. Je refusais l’idée que Robbie se sente plus tiraillé encore entre Bree et moi. D’un autre côté, je ne voulais pas non plus qu’elle se serve de lui.

— Ouais, elles cherchent à recruter du monde, mais ne t’en fais pas, ça ne m’intéresse pas. Par contre, j’irai quand même voir samedi ce qu’elles trafiquent.

J’étais si bien, là, dans le bois avec Robbie, que mes inquiétudes concernant Bree, Raven et leur coven m’ont semblé exagérées. Elles voulaient leur propre coven, et alors ? Il ne serait pas forcément maléfique. Juste un peu décalé par rapport au nôtre sur la roue de la Wicca. Quant aux cheveux… Sky avait assuré à Bree et à Raven que c’était inoffensif, et elles semblaient lui faire confiance. Et puis Bree ne pouvait pas me vouloir du mal. Nous étions restées amies si longtemps… Je m’en serais aperçue s’il y avait eu un fond de méchanceté en elle, non ?

J’ai secoué la tête pour ne plus y penser. Soudain, je me suis souvenue d’une chose.

— Robbie, tu connais une Thalia ? C’est un membre de leur coven.

Il a réfléchi un instant avant de faire non de la tête.

— C’est peut-être juste une copine de Raven, a-t-il conclu.

— En tout cas, mon petit doigt me dit qu’elle risque de se jeter sur toi, ai-je plaisanté.

— Génial ! s’est-il réjoui.

— Sois quand même prudent. Avec Bree, je veux dire. Tu sais comment elle est avec les mecs. Elle aime bien les manipuler, et elle se lasse vite. Si seulement elle pouvait t’apprécier comme tu le mérites, ce serait cool. Mais j’ai peur qu’elle ne finisse par te briser le cœur.

— Je sais, Morgan.

Je lui ai serré le bras un peu plus fort.

— En tout cas, bonne chance, ai-je chuchoté.

— Merci.

Je me suis demandé si les philtres d’amour fonctionnaient vraiment, et s’ils étaient difficiles à élaborer. Comme s’il lisait dans mes pensées, Robbie m’a lancé :

— Et t’as pas intérêt à t’en mêler avec ta magye !

— Pour qui tu me prends ? ai-je répondu, feignant l’indignation. Je crois que j’en ai déjà assez fait…

Tout à coup, je me suis figée. Il m’a jeté un regard interrogateur et j’ai posé mon doigt sur mes lèvres pour qu’il ne fasse pas de bruit. J’ai scruté le bois sans rien voir, pourtant, mes sens me disaient que nous n’étions pas seuls : deux personnes s’approchaient de nous. Mais de quel côté ?

Peu après, j’ai entendu des voix dans le lointain. On a tous les deux eu le réflexe de se cacher derrière un rocher au bord de l’allée.

— Tu te trompes, je ne veux pas.

Robbie et moi, on s’est regardés : c’était Matt.

— Tu rigoles, Matt. Tu me dévores des yeux ! Tu ne penses qu’à ça !

Raven. Forcément, elle essayait de le séduire. Je me rappelais son éclat de rire et son ton lorsqu’elle avait prononcé son nom dans les toilettes : « ce cher Matt ».

Sans un mot, on a jeté un œil par-dessus le rocher. Ils se tenaient l’un en face de l’autre, à cinq mètres de nous. Raven s’est rapprochée de lui, un grand sourire aux lèvres. Il a fait un pas en arrière et s’est retrouvé coincé contre un arbre. Elle en a profité pour se coller à lui, torse contre torse.

— Arrête, l’a-t-il implorée, sans être très convaincant.

Raven s’est pendue à son cou et, dressée sur la pointe des pieds, elle l’a embrassé.

— Arrête, a-t-il répété, sans plus de conviction.

Il a résisté cinq bonnes secondes, puis l’a prise dans ses bras et l’a serrée contre lui. À côté de moi, Robbie s’est caché le visage dans les mains. Quand Matt a ouvert son manteau avant de déboutonner celui de Raven, j’ai cessé de regarder à mon tour. Robbie et moi, on s’est adossés au rocher, tous les deux embarrassés par les gémissements qui commençaient à nous parvenir.

— Tu crois qu’ils vont s’envoyer en l’air ? m’a chuchoté Robbie.

— Ça m’étonnerait, il fait super froid, quand même, ai-je murmuré en essayant de ne pas rigoler trop fort.

On était morts de rire, et on a dû mordre nos manches pour ne pas se faire repérer. Finalement, Robbie n’a pas pu s’empêcher de jeter un coup d’œil.

— J’y vois rien, s’est-il lamenté, il fait trop sombre.

Je savais que, moi, je n’aurais eu aucun mal à les épier. Ces derniers temps, la nuit, tout ce que je regardais semblait éclairé d’une lumière intérieure. J’avais trouvé une description de ce pouvoir dans un livre de sorcellerie : ça s’appelait la « vision de mage ». Mais, franchement, je ne tenais pas à assister au spectacle !

— J’ai pas l’impression qu’ils sont passés aux choses sérieuses, m’a-t-il appris, les yeux plissés. Même si ça devient chaud, ils sont toujours debout.

— C’est déjà ça, ai-je marmonné.

La voix de Matt nous est alors parvenue :

— On doit arrêter… Jenna…

— Oublie-la, ronronna Raven. J’en ai envie. Toi aussi. Tu dois la quitter pour moi et rejoindre notre coven.

— Non, je…

— Matt, s’il te plaît… Pourquoi résister ? Laisse-toi aller et je serai tout à toi. Je ne te plais pas ?

Il a émis un gémissement étranglé. C’était mon tour de me cacher le visage dans les mains. Si seulement je pouvais secouer Matt… Quel crétin !

— Je te plais, a minaudé Raven. Et je peux te donner ce que tu veux. Ce que Jenna ne te donnera jamais. Ensemble, on pourra faire de la magye, une magye très puissante, dans mon coven. Laisse tomber Cal. Ce n’est qu’un sale con autoritaire.

Sa remarque m’a fait relever la tête. De quel droit parlait-elle ainsi de Cal ?

— Dans notre coven, tout est permis, a poursuivi Raven. Personne ne cherchera à te donner des ordres. Et tu seras avec moi. Allez…

Sa voix ne m’avait jamais semblé si douce, si implorante. Un frisson, qui ne devait rien au froid, m’a secouée de la tête aux pieds.

— Impossible, a répondu Matt, visiblement déchiré.

Les feuilles mortes ont craqué sous leurs pas. Heureusement, ils partaient dans l’autre direction.

— Viens, Morgan, m’a soufflé Robbie. On se barre, j’ai le cul gelé.

On a regagné le parking aussi silencieusement que possible. Sans un mot, j’ai flanqué mon panier garni dans le coffre et on est vite montés dans Das Boot.

— Quelle histoire… a marmonné Robbie en soufflant sur ses mains pour les réchauffer.

— Au moins, maintenant, on sait pourquoi Matt agit si bizarrement, ai-je déclaré en démarrant la voiture. J’ai bien cru que Raven allait lui arracher ses vêtements !

Ma remarque n’a pas réussi à le dérider, et mon propre sourire s’est effacé. Ce n’était pas drôle. Tout cela finirait dans les larmes.

— Qu’est-ce qu’on fait ? lui ai-je demandé. On en parle à Jenna ? J’ai de la peine pour elle. Et même pour Matt. Il a l’air complètement… ensorcelé !

— Tu crois que Raven lui a jeté un sort ?

— Je ne pense pas. Ce n’est pas une sorcière de sang, et elle pratique la Wicca depuis trop peu de temps. À moins que Sky l’ait aidée…

— À croire que la magye du sexe suffit à nous faire perdre la tête, a déclaré Robbie.

J’ai repensé à Cal, à la chaleur qu’il suscitait en moi quand nous nous embrassions, serrés l’un contre l’autre. Dans ces moments-là, j’oubliais tout le reste.

— Ouais, ça doit être ça, ai-je admis. Alors, on fait quoi ?

— Je ne sais pas. Je me vois mal leur en parler directement. Quelque part, ce ne sont pas nos oignons. Tu devrais peut-être en discuter avec Cal. Après tout, c’est son coven qu’elles essaient de briser. Et raconte-lui aussi ce que t’as entendu ce midi dans les toilettes.

J’ai soupiré en hochant la tête.

— Bonne idée… Hé, Robbie, merci de m’avoir avoué ce que tu ressentais pour Bree, je suis contente que tu me fasses confiance. Je garderai ça pour moi, mais fais gaffe à toi, d’accord ?

— Promis, t’inquiète !

L'éveil
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